Voyager fatigue plus qu’il ne détend ? On a enquêté !

C’était censé être reposant. Trois jours loin du travail, des mails, des courses et de la routine. Et pourtant, au moment où j’ai refermé la porte de chez moi, valise à la main et baskets encore pleines de poussière, je n’avais qu’une envie : dormir. Longtemps. Très longtemps.

Pourquoi cette sensation étrange ? Celle de revenir d’un week-end ou de deux semaines de vacances en ayant l’impression d’avoir couru un marathon sans entraînement. Et surtout : pourquoi on continue, alors ?

Spoiler : cet article n’est pas là pour vous décourager de voyager (bien au contraire), mais pour lever un petit coin du rideau. Et peut-être déculpabiliser celles et ceux qui reviennent sur les rotules. Parce que non, ce n’est pas juste toi. Et oui, voyager fatigue.

Image d’ado endormie dans le bus au retour du voyage.
Ado endormie sur le chemin du retour !

L’image de carte postale… et la réalité

On rêve tous de vacances relaxantes. Dans notre imaginaire, elles ressemblent à un transat sous les palmiers, un cocktail à la main, et le bruit apaisant des vagues en fond sonore. Mais si tu as déjà essayé de faire un vrai voyage, tu sais que la réalité est souvent… différente.

Prenons Cracovie, par exemple. Visite entre amis, en février dernier. Ambiance sympa, ville magnifique, musée après musée. On a enchaîné les visites : Rynek souterrain, château du Wawel, Auschwitz I et II, musée Schindler, quartier de Podgórze, mines de sel de Wieliczka… Et le centre-ville, bien sûr, avec ses églises, ses places, ses restaurants.

C’était passionnant. Vraiment. Mais après quatre jours sur place, j’étais rincé. Pas « j’ai bien marché, je suis content », non : fatigué comme après une semaine de rentrée scolaire et un déménagement combinés.

Et cette fatigue, je l’ai ressentie ailleurs aussi. À Rome, où j’ai tenté de faire le Colisée, le Forum romain et le Palatin en une seule journée (indice : mauvaise idée quand il fait 36°C). Dans le désert australien, où chaque étape du road trip entre Uluru et Alice Springs impliquait des heures de route, des réveils à l’aube, et des températures extrêmes. Même à Niagara Falls, où l’on pensait faire « juste un arrêt photo »… et où l’on a finalement terminé en excursion complète avec enfants surexcités et sacs à dos qui pèsent une tonne.

Bref : le repos, ce n’est pas automatique.

Foule au marché de Noël d’Aix la chapelle.
Foule immense au marché de Noël.

Ce que dit la science : le cerveau en surchauffe

En creusant un peu, je me suis rendu compte que ce phénomène n’a rien d’anormal. Voyager, c’est bien plus qu’un simple déplacement. C’est un basculement complet de nos repères : nouveaux lieux, nouvelles langues, nouveaux horaires, nouveaux rythmes.

Et notre cerveau, qui adore la routine (même si on prétend le contraire), doit tout recalibrer.

Résultat : surcharge cognitive.

Chaque jour en voyage, on prend des dizaines de microdécisions qu’on n’a pas l’habitude de faire :

– Comment fonctionne ce métro ?

– Faut-il laisser un pourboire ici ?

– Est-ce qu’on a bien fermé la voiture de location ?

– Où est passée la gourde du petit ? (spoiler : sous la banquette arrière, bien sûr.)

À cela s’ajoutent souvent :

  • Le manque de sommeil (trains à l’aube, avions très tard, bruit de la ville ou voisins d’hôtel… bonjour !)
  • L’activité physique bien plus intense qu’au quotidien (marches, randos, escaliers, valises).
  • Les émotions fortes, qui nous stimulent mais nous épuisent aussi (visiter un site comme Auschwitz, ce n’est pas anodin).

Bref, tout ça pèse. Et ça s’appelle… de la fatigue. Pas celle qu’on redoute au bureau, non. Une autre. Mais bien réelle.

Témoignages vécus (et valises bien pleines)

J’ai demandé autour de moi, et visiblement, je ne suis pas seule. Voilà quelques extraits véridiques :

🧳 “Le road trip en Australie ? Magique. Mais j’ai dormi 12h à l’arrivée.”

Cinq jours entre Uluru et Alice Springs, sur les routes rouges du bush. Des paysages à couper le souffle, une immersion dans la culture aborigène, des randonnées dans le Kings Canyon… et des réveils à 6h pour profiter des levers de soleil.

La beauté du désert n’a pas effacé les 1 500 km parcourus. À l’arrivée : jambes douloureuses, peau cramée, et un immense besoin de… ne rien faire pendant deux jours.

🏛 “Rome antique : inoubliable… et épuisant.”

Trois sites antiques en une seule journée : Palatin, Forum, Colisée. Ajoutez à ça une ado qui râle, le soleil de juillet et 15 000 pas au compteur : j’ai vu des empereurs, oui. Mais j’ai surtout vu mon lit comme un sauveur le soir venu.

👨‍👩‍👧 “Les voyages en famille, c’est sportif.”

Voyager avec un ou deux enfants, c’est magique. C’est vrai. Mais ce n’est pas reposant. Entre les « j’ai faim », les « j’ai plus envie de marcher » et les « c’est nul, ton musée », il faut parfois gérer plus de crises que lors d’un dîner familial à Noël. Le tout sans perdre le sourire.

Parfois, on rêve juste de deux heures seuls dans un hamac avec un café chaud.

Mais alors… pourquoi on y retourne toujours ?

Parce que malgré tout ça, on aime ça. On en redemande. Pourquoi ? Parce que cette fatigue n’est pas stérile. Elle signifie quelque chose.

C’est la fatigue d’avoir découvert, vécu, appris.

Ensuite, c’est celle d’avoir marché dans des lieux chargés d’histoire, goûté des plats inconnus, rencontré des gens, galéré un peu, ri beaucoup.

C’est la fatigue d’avoir bougé, d’avoir été vivant.

Elle n’a rien à voir avec celle des transports en commun bondés ou des réunions à rallonge. Elle est plus noble, plus riche, plus douce… même si elle fait mal aux jambes.

Voyager sans s’épuiser ? Quelques pistes !

Soyons honnêtes : à moins de partir dans un hôtel spa adults-only avec vue mer et massages inclus (ce dont je suis absolument contre !), le voyage demande un minimum d’énergie. Mais on peut apprendre à voyager mieux. Plus lentement. Plus consciemment.

Voici ce que j’essaie de faire (quand j’y pense) :

  • Accepter qu’on ne peut pas tout voir. (Et ce n’est pas grave.)
  • Laisser de la place à l’imprévu et au repos. Un café en terrasse, ça compte comme expérience culturelle, si si.
  • Dormir dans de vrais lits confortables. Et oui, ça peut valoir le petit supplément sur Booking.
  • Voyager plus lentement. En train, en voiture, ou même à pied. On découvre plus… en faisant moins.
  • Prendre du recul. Un musée de moins, un coucher de soleil de plus. Ce n’est pas une course.

En conclusion : fatigué·e, mais heureux·se

Alors oui, voyager fatigue. Parfois beaucoup.

Mais ce n’est pas un problème. C’est même plutôt bon signe.

Car ce que tu ramènes dans ta valise, ce n’est pas que des souvenirs ou des magnets. C’est aussi une forme de fatigue qui te rend plus riche. Une fatigue qui t’a réveillé·e.

Et si quelqu’un te demande, la prochaine fois :

“Alors, reposant ce voyage ?”, tu pourras sourire et répondre :

“Non. Mais je le referais demain.”

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