Salem, Massachusetts : un retour sur la ville des sorcières
L’été 2023 a été propice à la visite d’une partie de l’est des Etats-Unis et du Canada. Je souhaitais absolument aller dans le Maine, fan de Stephen King oblige. Dans cette optique, il me semblait logique de passer aussi par Boston et sa région. C’est ainsi que nous avons décidé de visiter la célèbre ville de Salem, connue pour son histoire tragique et son folklore local.
Du côté de l’histoire de Salem :
+ Le contexte
La ville de Salem fut fondée en 1626 par des colons anglais. L’affaire des sorcières ne se déroula pas à Salem même mais à Salem Village, non loin de la ville. Pour remettre en place le contexte, il est important de préciser que la colonie (une des Treize originale) est jeune et relativement isolée, créée par des chrétiens dévoués à la religion et dirigée par des gouverneurs puritains qui eux sont confrontés aux Amérindiens. Bref, c’est un lieu propice à l’extrémisme religieux.
Salem se trouve en bord d’océan et avait donc une place de choix pour s’enrichir grâce au commerce avec l’Angleterre. Les disputes concernant la répartition des richesses et des privilèges n’étaient donc pas rares.
+ Les faits
C’est dans ce contexte que commence l’affaire des sorcières de Salem. En début d’année 1692, Tituba, une servante, effectue, à leur demande, une séance de divination aux jeunes enfants Betty Parris et Abigail Williams. Après cette séance, elles se mettent à agir bizarrement, selon les témoignages. Des rumeurs de possession satanique commencent à circuler et d’autres jeunes filles sont rapidement atteintes. Elles sont alors toute pressées de donner le nom de la personne les ayant maudites. La séance de divination étant réprouvée par la religion catholique, les jeunes filles prennent peur et donnent des noms. Tituba, ainsi que Sarah Good et Sarah Osborne sont accusées officiellement le 1 mars 1692 et mises en prison. Les crises se poursuivant, d’autres noms sont cités, dont celui d’une fillette de 4 ans ! Les historiens supposent maintenant que les tensions sociales ont causées les accusations qui n’étaient pas faites au hasard.
Ainsi, les prisons se remplissent mais aucune loi n’a été prévue pour la sorcellerie. Il faut attendre l’arrivée du gouverneur William Phips pour lancer les premiers procès sous le coup du « Oyer and Terminer ». Mais Sarah Osborne est morte en prison, Sarah Good nie être une sorcière. Seule Tituba avoue.
Quasiment tous les procès se terminent par une condamnation à mort. Deux femmes ont un sursis dans leur exécution car elles sont enceintes. Elles sont pendues après la naissance de leur enfant. Au total périssent quatorze femmes et six hommes.
+ Les conséquences
Des recherches effectuées montrent que les condamnés ont été pendus à un arbre, à Salem même. Les procès s’achèvent en octobre 1692.
L’affaire a un fort impact dans les colonies. En 1695, le rôle des magistrats de Salem est remis en cause. Eux ont pu continuer leur vie tandis que des innocents ont été persécutés et condamnés. Ceux qui ont échappé à la pendaison ont eu leur réputation éternellement ternie. Il faut attendre 1700 pour que les condamnations soient annulées et des dédommagements donnés aux familles des morts.
Que reste-t-il de l’histoire des sorcières de Salem ?
Voici un folklore local qui a maintenant pris le pas sur la véritable histoire et ses conséquences. Vous pourrez faire un tour dans les TRES nombreuses boutiques liés à la sorcellerie (ou à Harry Potter, cherchez l’erreur) et voir des statues de sorcières en tout genre.
Côté visites, nous en avons fait deux : d’abord du très bon, puis du très mauvais.
+ Le Salem Witch Museum
Fuyez pauvres fous ! Et vite ! Nous avons trouvé un musée très cheap, sans aucune traduction (pour les non-anglophones, fuyez doublement) et bien entendu, avec une exactitude historique largement incertaine. Bref, il n’y a rien à y faire. En plus c’est long, ennuyeux, vieillot et bien trop cher pour ce que c’est. Ainsi, la façade extérieure, celle d’une ancienne église, est bien plus intéressante.
+ The Witch House
Il s’agit ici de la maison où vivait Jonathan Corwin, l’un des juges de l’affaire de Salem.
Le prix d’entrée n’est pas très élevé mais la visite est très intéressante, surtout quand on se passionne pour l’histoire. La maison met en scène la vie quotidienne à la fin du XVIIème siècle. L’extérieur est austère et l’intérieur sombre mais très bien reconstitué. Vous pouvez apprendre le mode de vie quotidien des habitants de Salem à travers la nourriture, les activités manuelles, l’organisation de la maison, etc. Bien entendu, l’affaire des sorcières est évoquée mais elle ne supplante pas le reste.
C’est largement plus sympathique que le Witch Museum … et beaucoup moins cher.
+ Se balader dans la ville
Ici, la balade dans la ville est de loin ce qu’il y a de plus intéressant. Ainsi, vous pouvez y voir les nombreux monuments ainsi que le Peabody Essex Museum (fermé lors de notre séjour) pour voir les différents bâtiments de la ville ou essayer de retrouver le lieu où les soi-disant « sorcières » ont été pendues.
Salem possède un magnifique port, qui rappelle l’ancienne gloire commerciale de la ville et une petite plage.
+ Pour conclure
Salem est une jolie petite ville où il fait bon flâner dans ses rues piétonnes. Une journée suffit pour la visiter. Si l’histoire a façonné son tourisme actuel, Salem est bien plus qu’une histoire de sorcière. Elle représente la tranquillité de la petite ville typique américaine.